Valenciennes est une sous-préfecture depuis 1824. Parmi les personnages qui ont été nommés à cette fonction de représentation du gouvernement, figure de 1837 à 1840 un certain Tiburce Morisot (1806-1874). La sous-préfecture se situait alors place Verte, dans l’ancienne maison de Charles Lamoninary[1], l'intendant du Mont-de-Piété avant la Révolution.
Tiburce Morisot par Léonard-Georges Ardant du Masjambost, 1848 (image extraite du site pop.culture.gouv.fr) |
Ce Tiburce est le descendant de toute une lignée de Tiburce : son père, Tiburce Morisot, était ébéniste à Champeaux (aujourd’hui en Seine-et-Marne) avant de devenir architecte-vérificateur des bâtiments de la couronne à Paris ; son grand-père, Tiburce Morisot, était maréchal-ferrant à Champeaux ; son arrière-grand-père, Tiburce Morisot, était également maréchal-ferrant à Champeaux.
Notre Tiburce sous-préfet est né en 1806 à Paris ; il épouse, à Paris, le 6 avril 1836, mademoiselle Marie Joséphine Cornélie Thomas, elle aussi née à Paris (1819-1876). Cette demoiselle est une petite-nièce du peintre Fragonard (encore que cette parenté semble être une légende totalement inventée).
Son père, Jean Thomas, est un inspecteur des finances, officier de la Légion d’honneur, et son grand-père, Mathieu Thomas, est receveur de la Régie générale des aides.
Sa mère, Marie Caroline Mayniel, est une fille de Jean Mayniel, ingénieur des Ponts-et-Chaussées et chef de bataillon impérial du génie (il est mort en 1809 à Saragosse en Espagne), marié à Joséphine de Ménard qui était la fille d’un conseiller auditeur de la Cour des Comptes à Montpellier.
Madame Morisot et sa fille Edma, par Berthe Morisot, 1869 (image extraite du site rivagedeboheme.fr) |
Quatre enfants vont naître de l’union du sous-préfet et de la petite-nièce de Fragonard.
Je commence par le dernier, Charles Tiburce Morisot (1845-1930), qu’on appelait Tiburce comme les autres ! Il fut « explorateur de l’Afrique de l’Est, chef du Cabinet du ministre des finances égyptiennes en 1882, secrétaire général de la Compagnie internationale des grands hôtels » énonce le site de la Cour des comptes (ccomptes.fr).
Album de portraits ayant appartenu à Edouard Manet (image Gallica) |
Trois filles ont précédé ce garçon, dont la plus célèbre est Berthe Morisot, née à Bourges en 1841, décédée à Paris en 1895. Tout le monde sait qu’elle fut mariée à Eugène Manet, le frère d’Edouard, et qu’elle eut une fille, Julie – laquelle épousa le peintre Ernest Rouart, ancêtre de l’écrivain et académicien Jean-Marie Rouart.
Berthe Morisot par Edouard Manet (Wikipédia) |
Eugène Manet par Berthe Morisot, 1875 (image extraite du site rivagedeboheme.fr) |
Julie Manet par Berthe Morisot, 1894 (image extraite du site rivagedeboheme.fr) |
Ernest Rouart le jour de son mariage, en 1900 (Wikipédia) |
Mais les deux filles aînées sont nées à Valenciennes, s’il vous plaît.
Yves (oui, c’est une fille), née en 1838, épousa Théodore Gobillard, un Breton capitaine d’infanterie puis receveur particulier des finances. Ils eurent deux filles : Paule (1867-1946) qui fut peintre ; et Jeannie (1877-1970) qui épousa l’écrivain et académicien Paul Valéry.
Yves Morisot par Edgar Degas (Wikipédia) |
Paule Gobillard, autoportrait, 1887 (image extraite du site femmespeintres.be) |
Madame Paul Valéry et son fils Claude, par Paule Gobillard, 1910 (image extraite du site femmespeintres.be) |
Paul Valéry par Jacques-Emile Blanche, 1923 (image extraite du site histoire-image.org) |
Edma Morisot, enfin, née à Valenciennes le 13 décembre 1839, fut peintre elle aussi, élève de Corot avec sa sœur Berthe. Elle épousa Adolphe Pontillon (1832-1894), capitaine de vaisseau et peintre, le couple vécut à Lorient. Jeanne Pontillon est née en 1870, Blanche Pontillon en 1871, leur frère Edme Pontillon en 1878.
Edma Pontillon et sa fille Blanche, par Berthe Morisot, 1873 (image extraite du site rivagedeboheme.fr) |
Jeanne Pontillon par Berthe Morisot (Wikipédia) |
On l’aura compris, le lieu de naissance des deux filles aînées chez les Morisot fait partie des hasards de la vie. N’empêche qu’elles sont notées, toutes les deux, dans les registres valenciennois, donc elles sont définitivement d’ici. La preuve :
(Archives départementales du Nord) |
(Archives départementales du Nord) |
[1] Voir dans ce blog mon article « Quelle est cette vaisselle qui disparut à la Révolution ? » publié en février 2020.
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