Aujourd’hui je vais faire court ! Juste trois mots à propos des collectionneurs de timbres, notamment ceux qui adhèrent au Club Philatélique du Valenciennois – au 31 décembre 2019, ils étaient exactement 133.
L’histoire de ce Club commence en 1925, au lendemain de la première guerre mondiale. La paix revenue, chacun peut retourner à ses passe-temps favoris : quelques passionnés de timbres se réunissent ainsi au Café de Paris, Place d’Armes, pour échanger soit des vignettes soit des avis et des conseils. Le « livre d’or » du Club a retenu les noms de ces pionniers : Mr Abel Mohin, négociant en timbres ; Mr Cliche, « possesseur d’un stock extraordinaire de timbres » ; Mr Naoumof, « grand collectionneur de Russie », etc. Ces réunions étaient si prisées que fut décidée, en 1930, la création d’une association : le Club Philatélique Valenciennois était né. Abel Mohin fut son premier président, jusqu’en 1938 [1].
Assemblée générale du Club Philatélique du Valenciennois, le 2 février 2020 à la Maison des Associations (photo personnelle) |
Le Club d’aujourd’hui est son descendant direct, si j’ose dire. Tandis qu’une branche dissidente prenait le large en 1933 pour garder son indépendance sous le nom de Groupement philatélique du Hainaut français, le Club Philatélique du Valenciennois s’est rallié à la Fédération française des associations philatéliques. Il s’est structuré en différents services (nouveautés, bibliothèque, fournitures, etc.), et a ouvert l’éventail de ses activités à la cartophilie, la numismatique, sans oublier l’initiation des jeunes collectionneurs.
Il participe à de nombreuses manifestations, notamment bien sûr celles qu’il organise lui-même ! La prochaine se tiendra les 28 et 29 mars 2020 : sous l’intitulé « Le timbre prend la route », une exposition célèbrera à Valenciennes le vingtième anniversaire de la Fête du Timbre.
Affiche de la 20e Fête du Timbre en France |
Nos « timbrés valenciennois » seront également présents à Paris au mois de juin pour « Paris-Philex 2020 » organisé par la Fédération, et à Calais au mois de novembre pour l’exposition annuelle régionale. Et surtout, inscrits à l’agenda du Club et actuellement en pleine préparation, organisés par lui à la Cité des Congrès de Valenciennes, deux événements qui s’annoncent mémorables : le Challenge européen de maximaphilie, et Phila-France, congrès et exposition nationale, qui se tiendront tous les deux au mois de mai 2021.
Voilà pour l’histoire contemporaine. Mais quelle fut l’activité philatélique des Valenciennois avant 1925 ? Je suis sûre que, comme moi, vous vous posez la question. Je vais y arriver, après une petite digression.
En effet, j’aimerais ici vous raconter l’histoire [2] du « timbre de Valenciennes », émis par la Chambre de Commerce en 1914 pour permettre aux habitants – et aux entreprises – de continuer à échanger du courrier pendant l’occupation allemande et la fermeture des services postaux français.
Jules Turbot portrait publié dans le Gauvin-Camarty |
Dès l’arrivée des Allemands en ville, le 25 août 1914, le président de la Chambre de Commerce de l’époque, Jules Turbot, demande aux nouvelles autorités la permission de mettre en place une organisation postale sur l’arrondissement de Valenciennes. Autorisation accordée, sous réserve que les lettres restent ouvertes et qu’il n’y soit fait aucune mention des armées belligérantes. Pour assurer le transport des plis, on crée un timbre spécial, de dix centimes. Ce timbre est imprimé à Valenciennes, en un peu plus de 9.000 exemplaires, chez Dehon et Lasseron, rue de Hecques.
(image extraite du site francephilatélie.com) |
Le service commence à fonctionner dès le 7 septembre, et aussitôt Jules Turbot s’avise de l’étendre aux territoires voisins : Solesmes, Le Quesnoy, Cambrai, Douai, toujours avec l’accord des Allemands. Tout cela marche très bien, sauf que, le 25 septembre, un nouveau commandant militaire y met son grain de sel : il exige que les lettres portent un visa, après inspection. Qu’à cela ne tienne, le visa sera apposé, dans le petit bureau de poste installé au rez-de-chaussée de la Chambre de commerce. Mais un mois plus tard, le 25 octobre, suite à un concours de circonstances, Jules Turbot est convoqué à Lille. Il apparaît que le quartier général allemand n’était pas au courant de l’existence du service postal valenciennois. Jules Turbot a beau jurer ses grands dieux qu’aucune activité d’espionnage n’est couverte par son invention, les Allemands suspendent leur autorisation le 30 octobre. Fin de l’utilité du « timbre de Valenciennes », qui entre illico dans la catégorie des raretés pour collectionneurs !
Les amateurs le savent, le premier timbre français, le « Cérès noir de 20 centimes », a été émis en 1849.
(image extraite de Wikipedia) |
Dès 1850-51, les premiers collectionneurs apparaissaient (le tout premier serait un Mr Vetzel de Lille, à moins qu’il ne s’agisse d’un Mr Mancin, de Paris). Ils se réunissaient pour des bourses d’échange, notamment dans les jardins des Tuileries à Paris. En province aussi, des sociétés de « philatélie » sont fondées (le mot est créé à cette époque), la première à Nevers en 1865.
Chez nous, il faut attendre 1893 pour que voie le jour la « Société de Timbrologie de Valenciennes ». Ses fondateurs lui donnent comme objectif « l’étude des timbres considérés soit en eux-mêmes, soit dans leurs rapports avec la chronologie, l’histoire et la géographie, l’administration et les finances, la linguistique et les beaux-arts, » annoncent les statuts. Aujourd’hui les archives de la Société ont disparu et on ignore la teneur précise de ses activités. Mais un petit fascicule, précieusement conservé par le Club Philatélique dans son « livre d’or », indique les noms des membres de son Conseil d’administration pour l’année 1895-1896 :
Jules Giard-Motte est mon arrière-grand-père ; René Giard, son fils, est mon grand-père.
[1] Voici la liste des présidents depuis 1930 : Abel Mohin (1930-38), Joseph Rouzé (1938-48), Maurice Servonnet (1848-71), Gontran Delattre (1971-76), André Derville (1976-85), Georges Bassement (1986-88), Jean-Marie Defauquet (1989-98) et Daniel Savignat (1999 à aujourd’hui).
[2] Cette histoire est racontée en détail dans un petit opuscule, « Le timbre de la Chambre de Commerce de Valenciennes », écrit par André Gauvin et René Camarty (non daté). Je remercie Daniel Savignat de me l’avoir prêté.
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