Il y a quelque chose d’émouvant à regarder aujourd’hui cet extrait de l’émission « Discorama », où Marie Laforêt répond aux questions de Denise Glaser, en mars 1966.
https://www.youtube.com/watch?v=NOv8YPGaW3U
Quelque chose d’inexprimable, même ; car en 1966 elles ignoraient qu’elles auraient un point commun – tandis que nous, aujourd’hui, nous le savons. Ce point commun c’est Valenciennes.
Au cours de leur vie, Marie Laforêt et Denise Glaser ont eu un premier point commun : la traversée des années de guerre. Née à Arras (Pas-de-Calais) en novembre 1920, Denise Glaser était la fille de commerçants qui vendaient des vêtements. Tenu par des juifs, le magasin est confisqué et aryanisé en 1942. Denise est réfugiée à Clermont-Ferrand, elle entre dans un réseau de résistance, elle se dira plus tard très marquée par la réalité des fours crématoires…
Marie Laforêt – ou Maïtena Doumenach, c’est son nom – a quasi vingt ans de moins, née en octobre 1939 à Soulac-sur-Mer en Gironde. Son père, prisonnier de guerre, ne rejoindra sa famille qu’après la libération. Chassées de Soulac, Marie, sa mère et sa sœur se réfugient à Cahors puis en Ariège, où les attend une vie de privations. L’absence de son père dans sa petite enfance vaudra à Marie Laforêt de très mauvais souvenirs…
Alors Valenciennes ?
Pour Marie Laforêt, Valenciennes c’est l’école des filles puis le lycée Watteau, une petite parenthèse dans sa vie d’écolière. Elle arrive dans la région en 1945, elle n’a pas encore six ans. Au sortir de la guerre, son père, polytechnicien, a été nommé directeur de la société Franco-Belge qui construit des locomotives à Raismes. Elle raconte, dans son livre Contes et légendes de ma vie privée (Stock, 1981), ses souvenirs de ces années partagées entre école, goûters chez la voisine, et grèves des ouvriers… Elle a vécu ici jusqu’à sa classe de 5e, en 1951-52.
Pour Denise Glaser, Valenciennes c’est … le cimetière. Elle est morte le 6 juin 1983 à Paris, dans une extrême pauvreté et une totale solitude, et fut inhumée dans un caveau familial qui se trouve dans le carré juif du cimetière Saint-Roch. Elle avait côtoyé les plus grands artistes, les avait tous reçus dans son émission diffusée tous les dimanches de février 1959 à juin 1968, puis de manière plus épisodique jusqu’en janvier 1975. On dit que personne n’est venu à son enterrement, sauf les chanteuses Barbara et Catherine Lara.
1983, c’est l’année de la mort du père de Marie Laforêt, elle-même étant décédée fin 2019.
Voulez-vous un troisième point commun ? Regardez-les se parler sur les images de « Discorama » : elles ont toutes les deux des yeux extraordinaires.
C. Vrai. Ces 2 femmes. Je ne les oublierai jamais
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