5 juillet 1905. Depuis une heure du matin, deux violents
orages se succèdent, laissant choir sur Valenciennes des trombes d’eau qui vont
causer de nombreux dégâts dans les caves et les rez-de-chaussée de certaines
habitations. La foudre tombe dans des jardins, dans la cour du collège de
jeunes filles ! Les champs sont inondés, les récoltes perdues. Saleté de
météo !
Et c’est sous cette drache à la mode chti qu’accostent à la
gare de Valenciennes les trois trains spéciaux affrétés par Buffalo Bill pour
trimbaler toute la troupe et le matériel de son célèbre « Wild West
Show », en tournée dans toute la région – et dans toute l’Europe. Buffalo
Bill, oui messieurs-dames, le seul l’unique, aussi célèbre que Céline Dion de
nos jours et déplaçant sans doute les mêmes foules.
Extrait de la "réclame" parue dans le journal "L'Impartial" le 4 juillet |
Le Colonel William Frederick Cody, ancien éclaireur de
l’armée américaine, chasseur de bisons pour les ouvriers des compagnies de
chemin de fer, pionnier de la conquête de l’Ouest, actif dans les guerres
contre les tribus indiennes, a découvert le monde du spectacle en jouant son
propre rôle sur les planches, aux Etats-Unis. Y prenant goût, il a créé en 1883
un premier show puis, devant le succès rencontré, s’est lancé dans le
« grand spectacle » : il décida de présenter la conquête de
l’Ouest avec ses vrais protagonistes, de vrais Indiens issus des diverses
tribus combattues, de vrais cowboys sur de vrais chevaux, dans des
reconstitutions de batailles, des exercices de tir à la carabine, des
exhibitions de danses sioux, bref, l’Ouest américain comme si vous y étiez.
En France, plusieurs représentations du « Wild West
Show » ont déjà eu lieu à Paris, en 1889, à l’occasion de l’Exposition
universelle, et ont suscité un grand enthousiasme de la part des spectateurs.
C’est donc auréolé de cette deuxième gloire (et ses affiches précisent :
vous verrez « les mêmes numéros qu’à Paris » !) que Buffalo Bill
entreprend sa grande tournée européenne (1903-1906) et débarque à Valenciennes.
En 1898, la photographe Gertrude Käsebier put, dans son studio de New York, tirer le portrait des Sioux participant au spectacle de Buffalo Bill. Voir le site mashable.com |
Après l’orage, l’arène de 15.000 mètres carrés est montée en
quelques heures « dans un véritable cloaque », précise L’Impartial. La troupe de « 1.300
hommes et chevaux » va donner deux représentations ce mercredi 5 juillet
(comme dans toutes les villes traversées), l’une à 2h de l’après-midi, l’autre
à 8h du soir. Prix des places, selon la catégorie, de 1 fr. 65 à 8 fr. 80,
moitié prix pour les enfants. Les billets sont en vente chez Giard, place
d’Armes.
Un gentil patron |
L’Impartial décrit
comme il peut l’exotisme du spectacle, les « Indiens dans leur farouche
accoutrement », les chevaux « au bruyant galop », « la
manœuvre des vétérans, tous stupéfiants d’adresse ».
Après la seconde représentation, tout est démonté, replié,
rangé en quelques heures (à la lueur des litières enflammées, précise L’Impartial), et le « Wild West
Show » reprend le train pour son étape suivante : Maubeuge.
De nos jours, c’est Disneyland Paris qui propose sa
« Légende de Buffalo Bill », avec la présence de Mickey s’il vous
plaît. Ce spectacle n’a sans doute plus grand-chose à voir avec celui du
Colonel Cody ! On peut se faire une idée de ce qui fut présenté en 1905 en
visionnant sur Youtube plusieurs petits films montrant des extraits
du « Wild West Show », par exemple celui-ci https://youtu.be/kjIH5AUglos où Buffalo Bill salue le public, en personne,
à la fin. Comme il a dû le faire à Valenciennes.
*Pour savoir si Buffalo Bill est passé par votre ville,
suivez ce lien :
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